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Les scientifiques se rapprochent de leur public à travers le crowdfunding

Le financement participatif connait un essor considérable en Suisse. La recherche scientifique s'y met aussi. Avec succès...
Le financement participatif connait un essor considérable en Suisse. La recherche scientifique s'y met aussi. Avec succès... / 19h30 / 3 min. / le 12 octobre 2018
Le premier festival de financement participatif destiné à la science se déroule vendredi à Zurich. Cette méthode, qui connaît un essor considérable en Suisse, séduit de plus en plus de chercheurs.

Quelque 375 millions de francs ont été levés en 2017 grâce aux citoyens via des plateformes de financement participatif, ou crowdfunding.

Le projet Science Booster a lui vu le jour il y a 18 mois sur la plateforme suisse Wemakeit pour soutenir spécifiquement les scientifiques qui s'inscrivent. Lors d'une journée événement, les deux jeunes co-fondateurs ont partagé leur expérience avec le public:

"Le crowdfunding en général est une forme de prévente: un prototype, un jeu, un CD, ou un concert. Mais pour vendre un projet scientifique à l'avance, ce n'est pas facile. Cet exercice oblige les chercheurs à vulgariser et à faire un pas en direction du public", explique Luc Henry, Cofondateur Science Booster.

Une trentaine de projets financés

Sur les 40 projets déposés, 80% ont atteint leur objectif. Franz Vollenweider, professeur à la Clinique psychiatrique universitaire de Zurich, espère bientôt en faire partie.

Il va profiter de ce festival pour lancer sa compagne de crowdfunding, avec un projet hors du commun: pénétrer au coeur du cerveau pour comprendre les effets des champignons hallucinogènes. Il compte étudier 60 patients atteints de dépression et traités avec la substance.

Après 20 ans de recherches sur la question, lui et son équipe ont obtenu 350'000 francs du Fonds national suisse pour la recherche. Mais entre-temps, les chercheurs ont été confrontés à des surcoûts. Ils ont donc choisi de faire appel au public avec un crowdfunding.

"Avec un financement traditionnel, il faut faire un dossier. Cela prendrait beaucoup plus de temps. Or, nous sommes prêts à lancer l'étude et espérons pouvoir compenser rapidement les surcoûts liés à la fabrication de la substance active."

Un "travail à temps plein"

Parmi les autres projets qui ont trouvé un financement public, celui d'Atlas de la flore vaudoise: 36'000 francs récoltés en six mois, sur un budget total d'un million de francs. Non sans effort. "Lancer un projet comme celui-ci, cela signifie de travailler matin et soir. Il faut réactiver les demandes, mettre des vidéos... Le travail de suivi de cette campagne de recherche de financement est un travail à temps plein pendant plusieurs semaines", explique la biologiste Joëlle Magnin-Gonze, responsable du projet.

Plus qu'une aide financière, ce financement complémentaire et peu conventionnel de la science permet avant tout de créer du lien avec le grand public.

Aurélie Coulon, Noémie Guignard et Feriel Mestiri

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